Chacun d’entre nous peut être confronté à une situation d’emprise sectaire, soit sur des personnes de son entourage proche, soit dans le cadre de ses activités.
Lorsque certains signes alertent, il importe d’abord de rechercher des informations permettant de lever les doutes et d’évaluer la nature et le degré des risques. Si la dangerosité paraît importante, en particulier pour des personnes fragiles et vulnérables, il importe de signaler les faits auprès des autorités et services compétents.
Conseils aux proches
Chacun peut être confronté à une situation d’emprise sectaire.
C’est souvent quand la rupture est amorcée que l’inquiétude pousse à s’interroger sur la conduite à tenir. Lorsque certains signes alertent, il importe d’abord de rechercher des informations permettant de lever les doutes. Il convient ensuite d’évaluer la nature et le degré des risques encourus pas la personne mise sous emprise.
Voici donc quelques recommandations ayant pour objectif de maintenir ou de renouer les liens de l’adepte avec son milieu d’origine, en le respectant, afin qu’il se « re-connaisse » et retrouve le chemin de l’autonomie.
Observer pour comprendre
Il est important d’observer les signes qui traduisent un changement dans les attitudes et le comportement de la personne, dans ses formes d’expression habituelles. En voici une liste non exhaustive :
- Le langage
- Le vocabulaire : mots nouveaux dans le répertoire habituel de l’adepte, étrangers au langage commun, ou mots connus mais utilisés dans un sens détourné connu des seuls initiés, citations répétitives.
- L’élocution : ton monocorde, débit plus ou moins mécanique.
- L’expression corporelle
- Le regard, parfois fixe, parfois fuyant, traduisant une certaine anxiété, ou bien porté « ailleurs ».
- Le sourire, absent ou béat.
- Les gestes, tantôt excessifs et inappropriés ou tétanisés. Q Les mode et style de vie
- Le désinvestissement dans la vie familiale, affective, professionnelle ou scolaire.
- Le refus de certains loisirs et la désaffection pour les centres d’intérêts habituels.
- D’importants besoins financiers, non justifiés par le mode de vie.
- Des participations astreignantes à des réunions, cycles de formation, séminaires.
C’est par l’observation de ces différents signes que l’on tentera de confirmer l’impression globale de la transformation de la personnalité sous influence.
Les premières manifestations intriguent, en particulier les dissimulations et faux-fuyants sur ses réelles activités ou au contraire du prosélytisme, les alternances d’agressivité et de repli sur soi.
S’informer et évaluer les risques
La rupture : un risque dévastateur
Les familles qui s’adressent à nos associations se trompent rarement, elles ont objectivement perçu les risques potentiels. Elles recherchent des informations pour en évaluer la gravité et faire face à une rupture dont, le plus souvent, elles ne comprennent pas les raisons ou les motivations.
Outre qu’elle provoque un choc sur l’entourage, cette rupture inattendue peut signifier des problèmes dont la résolution est rarement simple. Il importe de réunir des informations sur le mouvement, son leader, la doctrine, tant pour comprendre ce que vit l’adepte que pour évaluer les risques.
Les préjudices
Les risques de préjudices existent tant pour l’adepte (pertes financières, statut social, santé physique ou mentale), que pour l’entourage qui supporte les conséquences de ce nouvel engagement.
Tenter de trouver la bonne attitude
Le plus important est de garder tant que possible le contact. Toute la famille ainsi que les amis peuvent être appelés à apporter leur contribution.
Maintenir ou rétablir les liens
Le type de relation établie par le groupe et le gourou se caractérise par l’intolérance, l’absence de respect, la pensée unique, la dépendance et l’infantilisation.
Il va s’agir pour les proches de proposer une relation de qualité, totalement opposée à celle établie au sein du groupe.
Pour cela, il faut chercher à :
- Établir avec l’adepte une relation de confiance durable, un respect mutuel.
- Se montrer positif, calme, bienveillant, cohérent
- Reconnaître avec lui que chacun est libre d’entreprendre une recherche, de faire un choix, même s’il se trompe.
- Lui rappeler qu’il est apprécié pour lui-même au-delà de ses convictions.
- Faciliter avec tact l’expression de ce qu’il ressent, en manifestant un intérêt sincère ; apprendre de sa part des éléments de langage du groupe, pour mieux comprendre ce qu’il vit et éprouve.
- Penser que la compréhension mutuelle passera mieux par la tonalité affective, et par des images, que par le contenu rationnel des conversations ou des correspondances.
- Être patient lors de ses moments de trouble ou de renfermement sur lui-même, ne pas insister, changer de sujet.
Rassurer
Pour établir son plein pouvoir et écarteur ceux qui s’y opposent, la secte va s’efforcer de détruire les liens familiaux et amicaux. Certaines réactions des proches, même bienveillantes, peuvent renforcer la personne dans ses comportements et l’inviter à se retrancher dans son milieu sectaire face à ce qu’elle ressent comme une hostilité.
Pour cela, il faut éviter de :
- Réagir de façon disproportionnée en invoquant un danger supposé.
- Prononcer des mots tels que secte ou gourou, réaction à laquelle l’adepte est préparé pour montrer qu’il est incompris de son entourage.
- Accepter des discussions doctrinales : elles sont inutiles, risquent d’angoisser l’adepte et de l’ancrer dans sa rhétorique.
- Heurter de front ses convictions nouvellement acquises, attaquer, fut-ce avec humour, le groupe, ou le « gourou ».
- Sur le plan matériel, il faut éviter de donner de l’argent, quelle que soit la raison invoquée. Préférer des cadeaux personnels, moins faciles à transmettre ou à monnayer.
Faire preuve d’ouverture, réveiller l’esprit critique
Les pressions qui s’exercent sur la personne sous emprise ont pour effet de supprimer ses repères antérieurs, de la couper de son histoire personnelle et de son entourage affectif, et de l’enfermer dans un système de pensée unique. A l’opposé, certaines attitudes pourront favoriser un rappel de son « identité d’avant », de sa faculté de réflexion personnelle :
- Évoquer des centres d’intérêt qu’il possédait auparavant. • Rappeler des souvenirs familiaux, amicaux, vécus hors du groupe.
- Poser des questions ouvertes, pouvant stimuler sa réflexion, sans l’obliger à y répondre.
- Relever ses contradictions évidentes, sans l’obliger à se justifier.
- L’encourager à exprimer ce qu’il juge le plus positif dans le groupe et l’interroger sur l’existence éventuelle d’autres groupes ayant ces mêmes aspects positifs.
Si la dangerosité paraît importante, en particulier pour des personnes fragiles et vulnérables, il convient de signaler les faits auprès des autorités et services compétents.